Violents, brutaux et dangereusement addictifs, les jeux vidéo? C’est peut-être vrai pour un certain nombre d’entre eux, mais le choix d’une activité vidéoludique bien adaptée peut aussi «stimuler l’apprentissage chez l’enfant». Voire «développer des compétences qui lui seront utiles le jour où il entrera dans le monde professionnel», estime Scott Steinberg.
Cet expert en «pédagogie numérique», qui vient de publier (en anglais) The Modern Parent’s Guide to Kids and Video Games («Guide des parents modernes sur les enfants et les jeux vidéo), n’a pas peur d’aller à contre-courant des idées reçues entourant les jeux vidéo.
Il ose affirmer par exemple que «la plupart d’entre eux possèdent des qualités rédemptrices, même ceux qui ont un contenu violent». Selon lui, «tous les jeux peuvent bénéficier aux joueurs, de manière souvent surprenante».
Reste à sélectionner le bon titre sur les quelque 1500 publiés par année, dont 60% labellisés «tous publics»… D’une part, leur intérêt pédagogique ne saute pas toujours aux yeux. D’autre part, les jeux vidéo éducatifs ont rarement les honneurs des médias spécialisés, qui préfèrent traiter des productions spectaculaires (et souvent sanguinolentes) taillées sur mesure pour les gamers expérimentés. Outre des conseils de bon sens (encadrer l’activité vidéoludique de l’enfant, la limiter dans le temps), Scott Steinberg livre quelques pistes de réflexion.
Une source d’apprentissage
Une récente étude américaine prouve que des jeux vidéo bien réalisés accélèrent l’apprentissage de la lecture chez les petits enfants. Ils amélioreraient «la reconnaissance des lettres, l’association entre sons et signes, et la compréhension basique d’une trame narrative», souligne Scott Steinberg. Même un jeu massivement multijoueur comme World of Warcraft, pourtant très décrié pour son caractère addictif, posséderait certaines vertus pour les adolescents. Ils y apprendraient notamment «à déléguer des responsabilités, à promouvoir le travail d’équipe et à diriger un groupe dans la réalisation d’une tâche commune».
Une formation d’avenir
Un rapport publié en 2010 par la Fédération des scientifiques américains conclut que les enfants ont besoin d’interagir plutôt plus que moins avec des jeux numériques, note Scott Steinberg. L’argument des professionnels des sciences? «Le succès des jeux vidéo complexes démontre qu’ils peuvent enseigner la réflexion stratégique et analytique, la résolution de problèmes, la planification et l’adaptation à un changement d’environnement rapide.» Toutes qualités qui seront indispensables aux jeunes qui entreront, aux alentours de 2025, dans un monde du travail hautement numérisé. Par ailleurs, de plus en plus d’entreprises utilisent déjà des jeux de simulation pour former leurs employés.
Un peu d’exercice physique
Le temps où les jeux vidéo forçaient les enfants à rester assis devant un ordinateur pendant des heures est révolu, estime Scott Steinberg. Les consoles de nouvelle génération qui utilisent des systèmes de capture du mouvement (Kinect pour la Xbox 360, Nintendo Wii ou PlayStation Move) les font bouger et les aident à rester en forme, «mentalement autant que physiquement». Le constat vaut aussi bien pour les enfants que pour les adultes, parfois réticents à l’idée d’aller courir à l’extérieur. Aux Etats-Unis, les associations de médecins n’hésitent plus à conseiller l’usage de Wii Fit ou de Zumba Fitness, deux jeux qui font transpirer les joueurs, pour suppléer au manque d’exercice physique.
Stimuler la sociabilité
«Beaucoup de parents voient les jeux vidéo comme une activité solitaire, sédentaire, qui isole des autres», regrette Scott Steinberg. Or, de très nombreux titres – le karaoké ludique SingStar pour la PS3 par exemple – peuvent se jouer en famille et remplacer avantageusement les anciens jeux de société.
Par Luca Sabbatini
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