La conscience est selon Jung un champ d'attention, plus ou moins
variable mais qui ne constitue pas la totalité de la psyché. La conscience a
émergé de l'inconscient au fil du développement phylogénétique de l'appareil
psychique et neurologique humain. Pour Jung, « la conscience humaine, la
première, a créé l'existence objective et la signification et c'est ainsi que
l'homme a trouvé sa place indispensable dans le grand processus de l'être » ;
elle est en effet le lieu psychique privilégié du « complexe du Moi »,
caractérisé par la volition et le raisonnement, par la mémoire également.
L'inconscient
Concept psychanalytique par excellence, l'inconscient («
Unbewussten » en allemand) est néanmoins chez Jung bien plus qu'un réservoir de
souvenirs et de pulsions refoulées : il a une dimension vitale (il a une
fonction dans le développement de l'individu) et une dynamique propre. Tout
d'abord, la psychologie analytique définit l'inconscient comme l'espace de
l'inconnu, son approche est, dans ses premiers travaux,
philosophico-pragmatique. Jung part en effet d'une conception théologique et
philosophique de l'inconscient, celle de Schopenhauer et de la psychologie
expérimentale. Par l'étude des complexes entreprise avec Franz Riklin, Jung
postule un inconscient motivé qui compense l'attitude consciente. Il constate
que l'homme se distingue par deux réalités, l'une connue (la conscience) et
l'autre inconnue, constituée de matériaux et de phénomènes hors de portée de
l'attention qu'il nomme la « psyché objective ». La structure de cet espace
répond aux représentations traditionnelles de la psychanalyse de Freud,
néanmoins Jung va distinguer dans l'inconscient une partie collective et une
partie individuelle, propre à la personnalité : l'« inconscient personnel » composé
des instances psychiques personnifiées, c'est-à-dire l'ombre [partie inférieure
de la personnalité, la somme de tous les éléments psychiques personnels et
collectifs qui, incompatibles avec le Moi, n'ont pas été vécus ou acceptés
moralement], la persona [part de la personnalité qui organise le rapport de
l'individu à la société], l'anima [part féminine de l’homme] ou l'animus [part
masculine de la femme]. Il intègre également d'autres processus comme les
complexes autonomes. L'inconscient personnel se manifeste dans les rêves et les
productions imaginaires et est également en constante relation avec la
personnalité : « la psychologie n’est pas uniquement un fait personnel.
L’inconscient, qui possède ses propres lois et des mécanismes autonomes, exerce
sur nous une influence importante, que l’on pourrait comparer à une
perturbation cosmique. L’inconscient a le pouvoir de nous transporter ou de
nous blesser de la même façon qu’une catastrophe cosmique ou météorologique ».
L'inconscient collectif
Concept majeur de la psychologie analytique, l'inconscient
collectif (« kollektives Unbewusstes » en allemand) a été postulé bien avant
elle, en philosophie et en psychologie expérimentale notamment. Jung dit
d'ailleurs en tenir l'idée de Schopenhauer mais c'est la méthode de Freud qui
lui en a permis l'investigation. Alors que l'inconscient personnel fait partie
intégrante de la personnalité, l'inconscient collectif est universel et est
commun à tous les hommes. Il constitue ainsi « une condition ou une base de la
psyché en soi, condition omniprésente, immuable, identique à elle-même en tous
lieux ». Jung en parle comme de la couche la plus profonde de l'âme, qui abrite
deux processus clés de la psychologie analytique : les instincts et les
archétypes. Jung le qualifie de « collectif » car ces matériaux se distinguent
par leur récurrence d'apparition dans l'histoire humaine. L'inconscient
collectif ne se transmet pas mais ses éléments constitutifs, les archétypes se
transmettent comme des possibilités de représentations. L'expérience humaine,
au fil des siècles, nourrit ce réservoir d'images primordiales qui conditionne
ensuite tout être humain. Les rituels religieux ou animistes naissent d'une
identification aux matériaux collectifs par la voie de la participation mystique.
Les grands mythes naissent de ces systèmes fonctionnels autonomes, qui ne
doivent rien à la personnalité, et qui la conditionnent en particulier
lorsqu'un archétype est excité (« constellé » dans le vocabulaire jungien) ;
c'est pourquoi selon Jung, tous les mythes ont des interprétations similaires
d'une civilisation à l'autre. L'inconscient collectif enfin est comme un champ
où tous les points sont reliés, c'est-à-dire que les archétypes et les
instincts sont tous dits « contaminés » : un mythe a des motifs appartenant à
d'autres mythes proches, ce qui forme un réseau dense où chacun se tient et
conditionne les autres. Les images mythiques sont sous forme de chaîne
multidimensionnelle, mise en évidence par Marie-Louise von Franz. Les
recherches les plus spéculatives de Jung, notamment sur la synchronicité, dans
La Synchronicité comme principe d'enchaînement a-causal (1952), posent
l'hypothèse que la nature de cette couche de l'inconscient collectif et des
archétypes est « psychoïde » (« comme l'âme »), c'est-à-dire qu'ils échappent à
la représentation (au contraire des phénomènes psychiques connus) et qu'ils
participent d'une transgression des limites matière-esprit.
Le Soi
Le terme de « Soi » (« Selbst ») est le plus difficile d'approche
au sein de la psychologie analytique. Jung en parle dès l'ouvrage Métamorphoses
de l'âme et ses symboles (1912). Il utilise ce terme dans le sens d'un concept
mais il en fait par la suite l'un des piliers de sa théorie. En psychanalyse
traditionnelle c'est notamment Heinz Kohut qui l'a théorisé et développé, mais
dans une acception narcissique. Jung utilise le « Soi » pour désigner
l'archétype qui structure la psyché. Le retrouvant dans toutes les mythologies
et religions du monde, il s'agit d'un archétype central représentant la
relation dynamique qui existe entre la conscience et l'inconscient. Jung dit du
Soi qu'il est « une entité sur-ordonnée au Moi », c'est-à-dire qu'il est un
lieu psychique inhérent à la structure inconsciente. Il a pour fonction de
réaliser l'être et de maintenir le contact des différentes couches psychiques
entre elles : « Le Soi est la donnée existant a priori dont naît le Moi. Il
préforme en quelque sorte le Moi. Ce n'est pas moi qui me crée moi-même :
j'adviens plutôt à moi-même ». Jung demeure toutefois conscient de la réalité
anthropomorphique de ce concept. Il traduit l'expérience de la totalité, la
capacité de représentation de la totalité, autant que le processus psychique
qui va dans le sens d'une conscience englobant de plus en plus d'éléments
inconscients. Le Soi intervient dans le processus d'individuation enfin. Il est
le concept le plus repris et le plus développé par les continuateurs de Jung.
Marie Louise Von Franz estime ainsi qu'il est l'archétype ordonnateur de tous
les autres, celui qui possède en soi la structure de la psyché et ses plans
architectoniques alors que Michael Fordham appelle « soi primaire » l'état où
la différenciation psycho-corporelle n'existe pas encore dans le développement
de l'enfant. En tant que représentation de la totalité psychique, le Soi est
nécessairement paradoxal et est « à la fois la quintessence de l’individu et
une entité collective », un espace a-moral comme l'est l'inconscient. Le Soi
est un archétype universellement représenté, à travers une symbolique de la
Totalité et de la Quaternité : « Vivant en Occident, j'aurais dû dire le
Christ, au lieu du Soi ; dans le Proche-Orient, ce serait approximativement
Chadir ; en Extrême-Orient, Atman, Tao ou Bouddha ; dans le Far West, lièvre ou
mondamine ; et dans le monde de la Cabale enfin, Tifereth ».
Source : Wikipédia / Pour lire tout l'article Wikipédia sur la psychologie analytique cliquez ici.
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