mardi 1 mai 2012

Le système psychique selon Jung (psychologie analytique)





La conscience est selon Jung un champ d'attention, plus ou moins variable mais qui ne constitue pas la totalité de la psyché. La conscience a émergé de l'inconscient au fil du développement phylogénétique de l'appareil psychique et neurologique humain. Pour Jung, « la conscience humaine, la première, a créé l'existence objective et la signification et c'est ainsi que l'homme a trouvé sa place indispensable dans le grand processus de l'être » ; elle est en effet le lieu psychique privilégié du « complexe du Moi », caractérisé par la volition et le raisonnement, par la mémoire également.

L'inconscient

Concept psychanalytique par excellence, l'inconscient (« Unbewussten » en allemand) est néanmoins chez Jung bien plus qu'un réservoir de souvenirs et de pulsions refoulées : il a une dimension vitale (il a une fonction dans le développement de l'individu) et une dynamique propre. Tout d'abord, la psychologie analytique définit l'inconscient comme l'espace de l'inconnu, son approche est, dans ses premiers travaux, philosophico-pragmatique. Jung part en effet d'une conception théologique et philosophique de l'inconscient, celle de Schopenhauer et de la psychologie expérimentale. Par l'étude des complexes entreprise avec Franz Riklin, Jung postule un inconscient motivé qui compense l'attitude consciente. Il constate que l'homme se distingue par deux réalités, l'une connue (la conscience) et l'autre inconnue, constituée de matériaux et de phénomènes hors de portée de l'attention qu'il nomme la « psyché objective ». La structure de cet espace répond aux représentations traditionnelles de la psychanalyse de Freud, néanmoins Jung va distinguer dans l'inconscient une partie collective et une partie individuelle, propre à la personnalité : l'« inconscient personnel » composé des instances psychiques personnifiées, c'est-à-dire l'ombre [partie inférieure de la personnalité, la somme de tous les éléments psychiques personnels et collectifs qui, incompatibles avec le Moi, n'ont pas été vécus ou acceptés moralement], la persona [part de la personnalité qui organise le rapport de l'individu à la société], l'anima [part féminine de l’homme] ou l'animus [part masculine de la femme]. Il intègre également d'autres processus comme les complexes autonomes. L'inconscient personnel se manifeste dans les rêves et les productions imaginaires et est également en constante relation avec la personnalité : « la psychologie n’est pas uniquement un fait personnel. L’inconscient, qui possède ses propres lois et des mécanismes autonomes, exerce sur nous une influence importante, que l’on pourrait comparer à une perturbation cosmique. L’inconscient a le pouvoir de nous transporter ou de nous blesser de la même façon qu’une catastrophe cosmique ou météorologique ».

L'inconscient collectif

Concept majeur de la psychologie analytique, l'inconscient collectif (« kollektives Unbewusstes » en allemand) a été postulé bien avant elle, en philosophie et en psychologie expérimentale notamment. Jung dit d'ailleurs en tenir l'idée de Schopenhauer mais c'est la méthode de Freud qui lui en a permis l'investigation. Alors que l'inconscient personnel fait partie intégrante de la personnalité, l'inconscient collectif est universel et est commun à tous les hommes. Il constitue ainsi « une condition ou une base de la psyché en soi, condition omniprésente, immuable, identique à elle-même en tous lieux ». Jung en parle comme de la couche la plus profonde de l'âme, qui abrite deux processus clés de la psychologie analytique : les instincts et les archétypes. Jung le qualifie de « collectif » car ces matériaux se distinguent par leur récurrence d'apparition dans l'histoire humaine. L'inconscient collectif ne se transmet pas mais ses éléments constitutifs, les archétypes se transmettent comme des possibilités de représentations. L'expérience humaine, au fil des siècles, nourrit ce réservoir d'images primordiales qui conditionne ensuite tout être humain. Les rituels religieux ou animistes naissent d'une identification aux matériaux collectifs par la voie de la participation mystique. Les grands mythes naissent de ces systèmes fonctionnels autonomes, qui ne doivent rien à la personnalité, et qui la conditionnent en particulier lorsqu'un archétype est excité (« constellé » dans le vocabulaire jungien) ; c'est pourquoi selon Jung, tous les mythes ont des interprétations similaires d'une civilisation à l'autre. L'inconscient collectif enfin est comme un champ où tous les points sont reliés, c'est-à-dire que les archétypes et les instincts sont tous dits « contaminés » : un mythe a des motifs appartenant à d'autres mythes proches, ce qui forme un réseau dense où chacun se tient et conditionne les autres. Les images mythiques sont sous forme de chaîne multidimensionnelle, mise en évidence par Marie-Louise von Franz. Les recherches les plus spéculatives de Jung, notamment sur la synchronicité, dans La Synchronicité comme principe d'enchaînement a-causal (1952), posent l'hypothèse que la nature de cette couche de l'inconscient collectif et des archétypes est « psychoïde » (« comme l'âme »), c'est-à-dire qu'ils échappent à la représentation (au contraire des phénomènes psychiques connus) et qu'ils participent d'une transgression des limites matière-esprit.

Le Soi

Le terme de « Soi » (« Selbst ») est le plus difficile d'approche au sein de la psychologie analytique. Jung en parle dès l'ouvrage Métamorphoses de l'âme et ses symboles (1912). Il utilise ce terme dans le sens d'un concept mais il en fait par la suite l'un des piliers de sa théorie. En psychanalyse traditionnelle c'est notamment Heinz Kohut qui l'a théorisé et développé, mais dans une acception narcissique. Jung utilise le « Soi » pour désigner l'archétype qui structure la psyché. Le retrouvant dans toutes les mythologies et religions du monde, il s'agit d'un archétype central représentant la relation dynamique qui existe entre la conscience et l'inconscient. Jung dit du Soi qu'il est « une entité sur-ordonnée au Moi », c'est-à-dire qu'il est un lieu psychique inhérent à la structure inconsciente. Il a pour fonction de réaliser l'être et de maintenir le contact des différentes couches psychiques entre elles : « Le Soi est la donnée existant a priori dont naît le Moi. Il préforme en quelque sorte le Moi. Ce n'est pas moi qui me crée moi-même : j'adviens plutôt à moi-même ». Jung demeure toutefois conscient de la réalité anthropomorphique de ce concept. Il traduit l'expérience de la totalité, la capacité de représentation de la totalité, autant que le processus psychique qui va dans le sens d'une conscience englobant de plus en plus d'éléments inconscients. Le Soi intervient dans le processus d'individuation enfin. Il est le concept le plus repris et le plus développé par les continuateurs de Jung. Marie Louise Von Franz estime ainsi qu'il est l'archétype ordonnateur de tous les autres, celui qui possède en soi la structure de la psyché et ses plans architectoniques alors que Michael Fordham appelle « soi primaire » l'état où la différenciation psycho-corporelle n'existe pas encore dans le développement de l'enfant. En tant que représentation de la totalité psychique, le Soi est nécessairement paradoxal et est « à la fois la quintessence de l’individu et une entité collective », un espace a-moral comme l'est l'inconscient. Le Soi est un archétype universellement représenté, à travers une symbolique de la Totalité et de la Quaternité : « Vivant en Occident, j'aurais dû dire le Christ, au lieu du Soi ; dans le Proche-Orient, ce serait approximativement Chadir ; en Extrême-Orient, Atman, Tao ou Bouddha ; dans le Far West, lièvre ou mondamine ; et dans le monde de la Cabale enfin, Tifereth ».


Source : Wikipédia / Pour lire tout l'article Wikipédia sur la psychologie analytique cliquez ici.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire