jeudi 31 mai 2012

De la rénovation de l'Ecole



Les changements de cap amorcés par le gouvernement récemment formé, et plus particulièrement les signaux envoyés par le nouveau Ministre de l’Education nationale aux acteurs ainsi qu'aux usagers de l’Ecole, tendent à refaire de notre système éducatif un système centré sur l’enfant. En effet, c’est bien pour lui que l’Ecole est. C’est bien pour lui permettre de s’émanciper intellectuellement que l’Ecole se doit de l’accompagner. Cela ne peut donc se faire sans se préoccuper exclusivement de lui. C’est dans ce sens que l’on s’engage vers une discussion entre tous les partenaires de l’Ecole pour réformer les rythmes scolaires. Certes, cela constituera un grand pas en avant, mais il ne pourra être suffisant s’il ne se trouve pas accompagné de trois autres grands chantiers.

Premièrement, il sera indispensable de coupler cette rénovation des rythmes scolaires avec la refonte des programmes. Trop denses, trop éparses, trop « mécanisants », les textes officiels devront prévoir un recentrage sur les fameux fondamentaux (lire, dire, écrire, compter, raisonner) tout en s’appuyant sur ce qui nous cultive au quotidien : la culture humaniste, la culture scientifique, le numérique, les arts. Il faut que ces domaines ne soient plus dissociés mais qu’ils deviennent des causes provoquant le désir de dire ce que l’on sait, d’écrire pour échanger, de lire pour apprendre et voyager, de compter et de raisonner pour résoudre les problèmes qui se posent à nous. L’appétence pour les apprentissages ne pourra passer que par là.

Deuxièmement, il nous faudra accompagner cette rénovation concernant le contexte par un changement profond de la formation des enseignants. Celle-ci doit redevenir professionnalisante (enseigner est un métier de terrain qui s’apprend sur le terrain) et s’enrichir d’un caractère plus universitaire et réflexif. Dans ce sens, il est indispensable que les enseignants deviennent, aux côtés des chercheurs ès sciences de l’éducation, des acteurs de premier plan de la réflexion sur les pratiques enseignantes et de l’innovation pédagogique. Pour cela, non seulement la recherche doit venir dans les centres de formations des professeurs mais ces derniers doivent jouer un rôle dans les avancées de demain. Mieux ! Il doit être organisé des lieux, des moments pour que l’échange et la réflexion puisse se faire tout au long de la carrière des enseignants.

Troisièmement, et ce dernier point est semble-t-il le plus important, améliorer la réussite des élèves ne pourra se faire sans inclure les parents au cœur d’une action qui se fera avant et pendant la scolarité de leurs enfants. Ainsi, il sera nécessaire de les faire plus entrer dans l’Ecole, de prendre mieux en considération leurs avis, de se servir de leurs compétences en classe mais également, de leur venir en aide, notamment avant la scolarisation, pour que leurs enfants aient la meilleure préparation possible à leur entrée à l’Ecole. 

« L’enfance est une période au cours de laquelle le cerveau subit des changements importants. De façon intuitive, plusieurs personnes s’attendent à ce que le développement du cerveau se fasse par une augmentation de sa taille avec l’âge. Cependant ce n’est pourtant pas le cas. Les différentes zones du cerveau se développent selon des trajectoires individuelles, en grossissant et en diminuant de taille avec le temps.[1] » Cette malléabilité des connexions qui se font et se défont à l’intérieur de notre cerveau se nomme la plasticité cérébrale. Le cerveau du jeune enfant (dans les premières années de sa vie) est justement très « plastique ». C’est pour cette raison qu’il est primordial d’offrir un environnement le plus stimulant à l’enfant dès son plus jeune âge. L’écart qui se creuse tout au long de la vie n’est pas celui qui existe entre l’enfant de milieu favorisé et l’enfant de milieu défavorisé mais l'écart qui existe entre l’enfant à qui l’on a offert un environnement stimulant et celui qui n’en a pas reçu.

L’enjeu majeur de la rénovation du système éducatif réside donc également là. Non seulement l’Ecole de demain se devra d’accompagner efficacement ses élèves mais, de manière plus générale, la société toute entière devra offrir en permanence à sa jeunesse un environnement stimulant pour que leur émancipation intellectuelle puisse avoir lieu.

2 commentaires:

  1. bonjour Julien, je ne sais pas si tu es le Julien qui est venu sur mon blog faire un commentaire à propos de mon article "Interrogeons-nous sur notre légitimité" ( blog école petite section) mais quoi qu'il en soit, je suis en complet accord avec ton texte, j'apprécie de lire de tels choix pour une refondation de l'Ecole respectueuse des élèves , des parents et des professeurs. Plus il y aura de voix qui s'élèveront en ce sens et plus nous serons audibles donc écoutés. Merci
    isa

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  2. Merci pour ce commentaire Isabelle :)

    Je ne suis pas le même Julien mais cela me permet de connaître l'existence de ce blog ... bonne nouvelle donc !

    Pour ce qui est du reste du commentaire, je citerai juste Elder Camara : "Lorsqu'on rêve tout seul, ce n'est qu'un rêve alors que lorsqu'on rêve à plusieurs c'est déjà une réalité."

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