Les
changements de cap amorcés par le gouvernement récemment formé, et plus
particulièrement les signaux envoyés par le nouveau Ministre de l’Education
nationale aux acteurs ainsi qu'aux usagers de l’Ecole, tendent à refaire de notre système
éducatif un système centré sur l’enfant. En effet, c’est bien pour lui que
l’Ecole est. C’est bien pour lui permettre de s’émanciper intellectuellement
que l’Ecole se doit de l’accompagner. Cela ne peut donc se faire sans se préoccuper
exclusivement de lui. C’est dans ce sens que l’on s’engage vers une discussion
entre tous les partenaires de l’Ecole pour réformer les rythmes scolaires.
Certes, cela constituera un grand pas en avant, mais il ne pourra être
suffisant s’il ne se trouve pas accompagné de trois autres grands chantiers.
Premièrement,
il sera indispensable de coupler cette rénovation des rythmes scolaires avec la
refonte des programmes. Trop denses, trop éparses, trop
« mécanisants », les textes officiels devront prévoir un recentrage
sur les fameux fondamentaux (lire, dire, écrire, compter, raisonner) tout en
s’appuyant sur ce qui nous cultive au quotidien : la culture humaniste, la
culture scientifique, le numérique, les arts. Il faut que ces domaines ne
soient plus dissociés mais qu’ils deviennent des causes provoquant le désir de
dire ce que l’on sait, d’écrire pour échanger, de lire pour apprendre et
voyager, de compter et de raisonner pour résoudre les problèmes qui se posent à
nous. L’appétence pour les apprentissages ne pourra passer que par là.
Deuxièmement,
il nous faudra accompagner cette rénovation concernant le contexte par un
changement profond de la formation des enseignants. Celle-ci doit redevenir
professionnalisante (enseigner est un métier de terrain qui s’apprend sur le
terrain) et s’enrichir d’un caractère plus universitaire et réflexif. Dans ce
sens, il est indispensable que les enseignants deviennent, aux côtés des
chercheurs ès sciences de l’éducation, des acteurs de premier plan de la
réflexion sur les pratiques enseignantes et de l’innovation pédagogique. Pour
cela, non seulement la recherche doit venir dans les centres de formations des
professeurs mais ces derniers doivent jouer un rôle dans les avancées de
demain. Mieux ! Il doit être organisé des lieux, des moments pour que
l’échange et la réflexion puisse se faire tout au long de la carrière des
enseignants.
Troisièmement,
et ce dernier point est semble-t-il le plus important, améliorer la réussite
des élèves ne pourra se faire sans inclure les parents au cœur d’une action qui
se fera avant et pendant la scolarité de leurs enfants. Ainsi, il sera
nécessaire de les faire plus entrer dans l’Ecole, de prendre mieux en
considération leurs avis, de se servir de leurs compétences en classe mais
également, de leur venir en aide, notamment avant la scolarisation, pour que
leurs enfants aient la meilleure préparation possible à leur entrée à l’Ecole.
« L’enfance est une période au cours de laquelle le cerveau subit des
changements importants. De façon intuitive, plusieurs personnes s’attendent à
ce que le développement du cerveau se fasse par une augmentation de sa taille avec
l’âge. Cependant ce n’est pourtant pas le cas. Les différentes zones du cerveau
se développent selon des trajectoires individuelles, en grossissant et en
diminuant de taille avec le temps.[1] »
Cette malléabilité des connexions qui se font et se défont à l’intérieur de
notre cerveau se nomme la plasticité cérébrale. Le cerveau du jeune enfant
(dans les premières années de sa vie) est justement très
« plastique ». C’est pour cette raison qu’il est primordial d’offrir
un environnement le plus stimulant à l’enfant dès son plus jeune âge. L’écart
qui se creuse tout au long de la vie n’est pas celui qui existe entre l’enfant de
milieu favorisé et l’enfant de milieu défavorisé mais l'écart qui existe entre l’enfant à qui
l’on a offert un environnement stimulant et celui qui n’en a pas reçu.
L’enjeu
majeur de la rénovation du système éducatif réside donc également là. Non
seulement l’Ecole de demain se devra d’accompagner efficacement ses élèves
mais, de manière plus générale, la société toute entière devra offrir en
permanence à sa jeunesse un environnement stimulant pour que leur émancipation
intellectuelle puisse avoir lieu.
bonjour Julien, je ne sais pas si tu es le Julien qui est venu sur mon blog faire un commentaire à propos de mon article "Interrogeons-nous sur notre légitimité" ( blog école petite section) mais quoi qu'il en soit, je suis en complet accord avec ton texte, j'apprécie de lire de tels choix pour une refondation de l'Ecole respectueuse des élèves , des parents et des professeurs. Plus il y aura de voix qui s'élèveront en ce sens et plus nous serons audibles donc écoutés. Merci
RépondreSupprimerisa
Merci pour ce commentaire Isabelle :)
RépondreSupprimerJe ne suis pas le même Julien mais cela me permet de connaître l'existence de ce blog ... bonne nouvelle donc !
Pour ce qui est du reste du commentaire, je citerai juste Elder Camara : "Lorsqu'on rêve tout seul, ce n'est qu'un rêve alors que lorsqu'on rêve à plusieurs c'est déjà une réalité."