Le lien éducatif : contre-jour psychanalytique
Mireille Cifali, professeur ordinaire à la Faculté de Psychologie et des Sciences de l'Education, Université de Genève.
"Entre nous
et lui des paroles, forcément. L'impact de nos paroles sera d'autant plus grand
que nous sommes dans une position reconnue sur l'échelle du savoir : médecin,
psychanalyste, enseignant... Nous avons le pouvoir des mots, le pouvoir de
questionner, de le reconnaître ou non. Ce pouvoir, bien sûr, l'autre nous le
prête, mais on peut en « mésuser ». Toute parole est « allocutaire », dit
Benveniste ; en terme plus simple : elle s'adresse à l'autre. Et c'est bien lui
qui est visé. On peut l'humilier, l'attaquer, le nier, l'enfermer, le définir,
le refuser, le moquer, le violer, le tuer avec nos mots. Notre parole n'a pas
besoin d'être agressive, elle peut sembler gentille et le détruire. Plus nous
avons le pouvoir des mots, plus notre parole est puissante à son égard. Cette
parole qui blesse, le poursuit de ses assertions en scellant un destin, le détermine
psychiquement bien plus que la trop commode hérédité."
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