jeudi 19 juillet 2012

De l'importance d'un environnement stimulant précoce



Le lecteur qui aura eu la curiosité de lire mes quelques (humbles) articles sur ce site aura très rapidement perçu mon attachement quant à l’importance d’offrir au nourrisson et au jeune enfant un environnement précocement stimulant (intellectuellement). Il est en effet primordial que le jeune enfant, dans sa période préscolaire, baigne dans un milieu qui favorise son activité cérébrale. Voici pourquoi en trois images …



Image 1


L’image numéro 1 nous montre le rôle que joue l’expérience (et donc la stimulation intellectuelle) lors de la formation des synapses et du développement de l’arborisation dendritique dans trois zones du cerveau en fonction de l’âge.

Rappelons que le cerveau est le siège des fonctions cognitives (langage, mémoire, émotions, etc.). Il est également le lieu où sont régulées les autres fonctions organiques et où sont traitées toutes les informations sensorielles. Le cerveau est essentiellement constitué de milliards de cellules nerveuses appelées les neurones.

Rappelons également qu’un neurone est composé de quatre éléments principaux, comme nous le montre l’image numéro 2. On trouve le corps cellulaire, l’axone (« voie de communication » principale des influx nerveux), les dendrites (« voie de communication » secondaire des influx nerveux) et l’arborisation terminale avec les synapses (zone de passage des neurotransmetteurs entre le bouton neuronal d’un premier neurone et le corps cellulaire d’un second neurone).


Image 2


Au cours de la maturation cérébrale (et notamment dans les premiers âges), le nombre de neurones croît de manière exponentielle. Il en est de même pour les dendrites et les boutons neuronaux, extrémités de l’arborisation terminale. Ainsi, à la manière d’un arbre qui pousse, l’axone (le tronc) voit son arborisation terminale (les branches) foisonner et son nombre de boutons neuronaux (les feuilles) croître de façon importante.

Lorsqu’on stimule le cerveau d’un enfant, par le jeu par exemple, une (ou plusieurs) région du cerveau « s’allume ». Les influx nerveux parcourent un ensemble d’axones de manière à faire communiquer entre eux un groupe de neurones. S’il n’y a pas de stimulation, les neurones « meurent ». Plus on varie les stimulations faites à l’enfant et plus des régions diverses du cerveau s’activent. Aussi, plus on active un même groupe de neurones, plus la route de l’information entre les cellules nerveuses est bonne (automatisation, réactivation rapide de souvenirs, etc.).

Tout se passe en fait comme lorsqu’on fait des chemins dans un champ. Imaginons un champ de hautes herbes. Si aucun passage n’est fait, aucun chemin n’apparaît. Le champ reste vierge. Par contre, si on emprunte une première fois un chemin, une faible trace apparait (l’herbe est couchée) et il devient un passage en devenir. Plus on parcourt le champ de long en large, plus on s’offre de possibilités de créer une multitude de passages. Aussi, plus on emprunte un même passage plus il est apparent et plus il est facile de le retrouver.

Si l’on revient à l’image numéro 1, on observe trois courbes. La courbe bleue représente le développement de la zone sensori-motrice, la courbe verte représente le développement des lobes temporaux et pariétal et la courbe rouge représente le développement du lobe pré-frontal. Ces zones du cerveau sont localisées sur l’image numéro 3. Il est important de noter que les trois courbes commencent à un âge négatif, c’est-à-dire à un âge fœtal (on conçoit aisément que le développement du cerveau commence in-utéro). On constate également que les trois courbes atteignent leur maximum (le pic de développement) avant quatre ans. Cela veut donc dire que le maximum des potentialités apparaît avant quatre ans.


Image 3


Concentrons-nous sur la courbe rouge, celle qui concerne le lobe pré-frontal. Cette zone intéresse l’éducateur au plus au point puisque c’est cette partie du cortex cérébral qui est responsable notamment des fonctions cognitives dites supérieures : langage (en partie), mémoire de travail, « raisonnement », « décision », etc.

De tout ce qui vient d’être dit et montré, nous pouvons alors mettre en évidence l’importance d’une stimulation intellectuelle précoce chez l’enfant. En effet, ne pas offrir d’environnement stimulant à un jeune dans les premiers âges de sa vie conduit à ne pas favoriser le développement neuronal de son lobe pré-frontal. A l’inverse, proposer des expériences riches à un enfant dans sa période préscolaire le conduit à développer ou amorcer le développement des fonctions cognitives dites « nobles » (langage, raisonnement, etc.). La différence, tellement importante quelque fois, qui existe entre deux jeunes élèves s’est donc essentiellement faite ici.

Il est important de signaler que l’environnement stimulant n’est pas corrélé au niveau social dont est issu le jeune. En d’autres termes, il n’est pas besoin d’être riche pour offrir un environnement stimulant à son enfant. Des gestes simples suffisent : lui parler comme il faut, le reprendre systématiquement quand il commet une erreur, lui lire des histoires, enrichir son vocabulaire, jouer à des jeux sociétés et/ou de réflexion, l’emmener en forêt, l’emmener dans des musées (gratuits le dimanche et ayant souvent des « coins » conçus spécialement pour les enfants), étancher sa soif de curiosité (naturelle), etc. Vous l’aurez compris, offrir un environnement stimulant à son enfant ne va pas de pair avec le fait de le laisser s’autogérer et/ou de le scolariser tardivement (vers  6 ans seulement).

Il s’agit de constats de bon sens qu’il me semblait bon de rappeler et qui reçoivent là un appui scientifique. De ce fait, l’échec scolaire ne pourra jamais être « éradiqué » par l’Ecole seule si, avant sa scolarité, l’enfant n’a pas reçu une éducation favorable. Je terminerai en insistant sur le fait que l’Ecole n’est ainsi pas le lieu de la « reproduction des inégalités sociales » mais de la non résorption des inégalités liées aux différents environnements culturels des enfants.


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