Le lecteur qui aura eu la curiosité de lire
mes quelques (humbles) articles sur ce site aura très rapidement perçu mon
attachement quant à l’importance d’offrir au nourrisson et au jeune enfant un
environnement précocement stimulant (intellectuellement). Il est en effet
primordial que le jeune enfant, dans sa période préscolaire, baigne dans un
milieu qui favorise son activité cérébrale. Voici pourquoi en trois images …
Image 1
L’image numéro 1 nous montre le rôle que joue
l’expérience (et donc la stimulation intellectuelle) lors de la formation des
synapses et du développement de l’arborisation dendritique dans trois zones du
cerveau en fonction de l’âge.
Rappelons que le cerveau est le siège des
fonctions cognitives (langage, mémoire, émotions, etc.). Il est également le
lieu où sont régulées les autres fonctions organiques et où sont traitées
toutes les informations sensorielles. Le cerveau est essentiellement constitué
de milliards de cellules nerveuses appelées les neurones.
Rappelons également qu’un neurone est composé
de quatre éléments principaux, comme nous le montre l’image numéro 2. On trouve
le corps cellulaire, l’axone (« voie de communication » principale
des influx nerveux), les dendrites (« voie de communication » secondaire
des influx nerveux) et l’arborisation terminale avec les synapses (zone de
passage des neurotransmetteurs entre le bouton neuronal d’un premier neurone et
le corps cellulaire d’un second neurone).
Image 2
Au cours de la maturation cérébrale (et
notamment dans les premiers âges), le nombre de neurones croît de manière exponentielle.
Il en est de même pour les dendrites et les boutons neuronaux, extrémités de l’arborisation
terminale. Ainsi, à la manière d’un arbre qui pousse, l’axone (le tronc) voit
son arborisation terminale (les branches) foisonner et son nombre de boutons
neuronaux (les feuilles) croître de façon importante.
Lorsqu’on stimule le cerveau d’un enfant, par
le jeu par exemple, une (ou plusieurs) région du cerveau « s’allume ».
Les influx nerveux parcourent un ensemble d’axones de manière à faire
communiquer entre eux un groupe de neurones. S’il n’y a pas de stimulation, les
neurones « meurent ». Plus on varie les stimulations faites à
l’enfant et plus des régions diverses du cerveau s’activent. Aussi, plus on
active un même groupe de neurones, plus la route de l’information entre les
cellules nerveuses est bonne (automatisation, réactivation rapide de souvenirs,
etc.).
Tout se passe en fait comme lorsqu’on fait des
chemins dans un champ. Imaginons un champ de hautes herbes. Si aucun passage
n’est fait, aucun chemin n’apparaît. Le champ reste vierge. Par contre, si on
emprunte une première fois un chemin, une faible trace apparait (l’herbe est
couchée) et il devient un passage en devenir. Plus on parcourt le champ de long
en large, plus on s’offre de possibilités de créer une multitude de passages.
Aussi, plus on emprunte un même passage plus il est apparent et plus il est facile
de le retrouver.
Si l’on revient à l’image numéro 1, on observe
trois courbes. La courbe bleue représente le développement de la zone
sensori-motrice, la courbe verte représente le développement des lobes
temporaux et pariétal et la courbe rouge représente le développement du lobe
pré-frontal. Ces zones du cerveau sont localisées sur l’image numéro 3. Il est
important de noter que les trois courbes commencent à un âge négatif,
c’est-à-dire à un âge fœtal (on conçoit aisément que le développement du
cerveau commence in-utéro). On constate également que les trois courbes
atteignent leur maximum (le pic de développement) avant quatre ans. Cela veut
donc dire que le maximum des potentialités apparaît avant quatre ans.
Image 3
Concentrons-nous sur la courbe rouge, celle
qui concerne le lobe pré-frontal. Cette zone intéresse l’éducateur au plus au
point puisque c’est cette partie du cortex cérébral qui est responsable
notamment des fonctions cognitives dites supérieures : langage (en
partie), mémoire de travail, « raisonnement »,
« décision », etc.
De tout ce qui vient d’être dit et montré,
nous pouvons alors mettre en évidence l’importance d’une stimulation
intellectuelle précoce chez l’enfant. En effet, ne pas offrir d’environnement
stimulant à un jeune dans les premiers âges de sa vie conduit à ne pas
favoriser le développement neuronal de son lobe pré-frontal. A l’inverse,
proposer des expériences riches à un enfant dans sa période préscolaire le
conduit à développer ou amorcer le développement des fonctions cognitives dites
« nobles » (langage, raisonnement, etc.). La différence, tellement
importante quelque fois, qui existe entre deux jeunes élèves s’est donc essentiellement
faite ici.
Il est important de signaler que
l’environnement stimulant n’est pas corrélé au niveau social dont est issu le
jeune. En d’autres termes, il n’est pas besoin d’être riche pour offrir un
environnement stimulant à son enfant. Des gestes simples suffisent : lui
parler comme il faut, le reprendre systématiquement quand il commet une erreur,
lui lire des histoires, enrichir son vocabulaire, jouer à des jeux sociétés
et/ou de réflexion, l’emmener en forêt, l’emmener dans des musées (gratuits le
dimanche et ayant souvent des « coins » conçus spécialement pour les
enfants), étancher sa soif de curiosité (naturelle), etc. Vous l’aurez compris,
offrir un environnement stimulant à son enfant ne va pas de pair avec le fait
de le laisser s’autogérer et/ou de le scolariser tardivement (vers 6 ans seulement).
Il s’agit de constats de bon sens qu’il me
semblait bon de rappeler et qui reçoivent là un appui scientifique. De ce fait,
l’échec scolaire ne pourra jamais être « éradiqué » par l’Ecole seule
si, avant sa scolarité, l’enfant n’a pas reçu une éducation favorable. Je
terminerai en insistant sur le fait que l’Ecole n’est ainsi pas le lieu de la
« reproduction des inégalités sociales » mais de la non résorption
des inégalités liées aux différents environnements culturels des enfants.
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